Je suis un être humain né sur terre, dans notre civilisation
de la conquête dont la maxime est : "En haut c'est bien,
plus haut c'est mieux". Attitude conquérante que l’on retrouve
dans la croissance économique et l’espoir de richesse, l'ascension
sociale et sa reconnaissance, la volonté de monter sur la plus haute
marche du podium, celle de devenir une star, la recherche d’un paradis
céleste imaginaire... Au nom de cette quête altière, la société accepte
que l’on puisse marcher sur la tête de ses concitoyens, que l’on épuise
notre planète ou que l’on puisse conquérir une femme. Nous
cherchons avidement à grimper toujours plus haut et nous
nous déshumanisons. Serions-nous tombés sur la tête ?
Au sommet d’une montagne. Il fait froid, le soleil brûle.
Plus haut, les montagnards ne peuvent pas dormir ni
manger correctement, ils ont des hallucinations, les
nuages nourrissent la tempête, le sommet est
invivable. Le paradis est-il vraiment en haut ?
Le sommet est en dépression, je m’allonge.
Je me souviens de l'enfance des monts.
J’ai oublié qu’ils naissent dans les profondeurs.
La fin d’une croissance sans sommet n’est-il pas la chute?